La Résidence des personnes âgées… et plus si affinités.

Connaissez-vous le lien entre la Une du dernier Ozoir Magazine, le dernier conseil municipal et cette photo de moi publiée sur Arrozoir en 2020 ?

Au lendemain de l’élection de 2020 en épluchant les listes électorales je m’étonne que deux colistiers du maire résident à la même adresse. Par curiosité je regarde où elle se trouve et découvre qu’il s’agit de la Résidence des personnes âgées (RPA), qui est un service municipal.

Il n’en faut pas plus pour que j’essaie de comprendre par quel prodige ces individus, non retraités, aspirants élus, peuvent y résider.
Je me rends donc à la RPA dont j’ignorais tout…. A l’époque, le moins qu’on puisse dire c’est que la mairie n’en faisait pas beaucoup la publicité… comme vous allez le voir.

Sur place je découvre les boites aux lettres des résidents où figurent leurs noms.

Certains me sont familiers, je crois qu’il s’agit d’employés municipaux, de famille d’élus… ou d’homonymes à minima.

Pour ceux qui se sont inscrits sur les listes électorales, elles sont formelles : ils ne sont pas âgés. Il y a des noms que j’ai déjà vu à de nombreuses reprises à Ozoir… On finit par croire que dans cette ville il n’y a qu’une poignée de noms de famille. Probablement un hasard… J’y reviendrai à la fin.

J’échange sur place avec un agent qui porte le nom d’un élu, à qui je demande naïvement le fonctionnement de la RPA. Il semble mal à l’aise par ma présence , pourtant cordiale, mais il m’explique volontiers l’historique et le fonctionnement officiel de l’établissement.

D’après lui, certains appartements ne seraient plus conformes pour accueillir des personnes âgées et attendraient d’être mis aux normes (bac de douche non adaptés par ex.), ils serviraient exceptionnellement pour des urgences (ex : pour reloger une famille dont la maison serait inondée) … quand les autres logements d’urgences sont déjà occupés.

J’imagine que les chambres impropres à loger des personnes âgées doivent être informellement proposées à d’autres catégories, ça peut s’entendre, le temps des travaux… Mais ce problème est ancien et les locataires semblent être issus d’un cercle très réduit de bénéficiaires.

Je me contente d’écouter ce qu’il a envie de me dire… et apparemment il a envie de me dire que les appartements sont occupés par des personnes âgées… ou vides. Point.

Sans parler de cette activité d’hôtellerie obscure, je demande s’il n’y a pas un document, un prospectus, tract qui décrirait ce service public… Réponse : aucun. Il m’invite à aller voir en mairie.

Je n’en demande pas davantage parce que je me méfie de l’interprétation qu’on pourrait donner au moindre de mes propos… voire des faux témoignages. Il faut dire que je viens d’apprendre qu’un employé municipal en a produit un à mon encontre et que je vais avoir à m’en justifier devant la justice. Pas de chance pour lui, il m’arrivait d’enregistrer certaines rencontres. Non pas pour les publier, je ne l’ai jamais fait… mais je craignais qu’on puisse faire un faux témoignage contre moi… juste pour me nuire… Je me disais souvent que j’étais parano… Finalement pas.

Comme dirait le maire « Il fait bon vivre à Ozoir » … pour les corrompus.

Je me rends à la mairie. Là non plus je ne trouve aucun document, aucune information. La femme qui m’accueille, dont il parait qu’elle est parente d’un élu, me renvoie vers le CCAS dont dépend la RPA. Je m’étonne.

Un administré ne peut avoir la moindre information sur cette structure sans un parcours du combattant ?

Depuis mon élection quelques semaines avant, j’avais pris l’initiative de faire lestour des services pour me renseigner sur leur fonctionnement. C’était ma conception de mon rôle d’élu…  Je ne crois pas que d’autres élus aient eu, au même moment, cette initiative.

Voilà pourquoi, quand je suis informé qu’une circulaire, signée du maire, est adressée à l’ensemble des services municipaux pour leur expliquer qu’un conseiller municipal « ne peut prétendre obtenir directement des services municipaux la communication de renseignements et de documents » et « d’alerter le cabinet du maire de toutes difficultés rencontrées dans la mise en application [ce ces principes] », j’ai tout naturellement pris cette circulaire pour moi.

Il faut dire que ce n’est pas la première fois que des consignes apparaissent sur mon passage et elles ont toutes en commun d’entraver mes recherches… Un hasard certainement. C’est d’ailleurs l’une d’entre elles qui m’a conduit à créer ce site en 2018.

Comme on m’y a invité en mairie, je vais donc au CCAS… Là-bas non plus : aucun document, aucune information sur la RPA. La personne en charge de l’établissement est en vacances. Je demande comment obtenir une chambre pour ma mère si elle en avait le besoin. Voici ce qu’il m’est répondu :
« Il faut adresser votre demande par courrier, à l’attention du cabinet du maire et ensuite ça redescendra ici [au CCAS] au responsable de la RPA » … Le nom du responsable, employé municipal, m’interpelle puisqu’il se trouve être, là encore, un homonyme d’un élu.

Je me marre. Moi qui n’ai JAMAIS de réponse de la mairie à mes demandes, moi qui m’oppose ouvertement aux pratiques du maire (aujourd’hui condamné à la prison pour corruption) et de ses sous-fifres : J’ai du mal à croire que la présence de ma mère dans un établissement public puisse être à la seule discrétion du cabinet du maire. Ça me parait si invraisemblable que je cherche le document qui donnerait tort aux certitudes que je commence à avoir.

Confiant dans nos institutions, je me dis qu’il doit bien y avoir un organe qui s’assure du bon fonctionnement de l’établissement. Après tout s’il n’a rien vu d’anormal c’est qu’il n’y a rien d’anormal…

Je cherche donc quel pourrait être cet organe et le seul que je trouve est le conseil d’administration du CCAS…  Mais mon enthousiasme a été vite douché lorsque j’ai découvert, stupéfait, qu’il était composé, pour l’essentiel, d’élus de la majorité (dont le maire lui même) et de leurs conjoints (la bonne blague)… ainsi que deux colistiers du maire, dont l’un résidait alors sans raison apparente la RPA depuis des années.  Le sketch !

Dans le même temps nous portons un recours contre les élections de 2020, parmi les choses étonnantes que nous voyons ce sont des agents qui ont voté aux élections municipales à Ozoir, sous couvert d’habiter dans la RPA mais … qui n’y habitaient pas.

La RPA servait-elle d’adresse de complaisance ? C’est ce qui m’a traversé l’esprit mais selon toute vraisemblance ces personnes ont simplement « oublié » de signaler leur déménagement dans une autre ville et oublié qu’elles n’avaient donc aucune légitimité à voter pour* leur ancien… et généreux bailleur (*pour … ou contre, sait-on jamais qu’ils n’aient pas apprécié la décoration).

Il y a bien à Ozoir une commission qui a pour objectif de nettoyer les listes électorales… La nôtre est composée pour l’essentiel, d’élus de la majorité… Ses membres, qui connaissent mieux que moi les résidents… n’ont rien vu. La mairie ne connaitrait ni les adresses de ses employés ni les noms de ses locataires ?

Lors du recours contre les élections nous évoquons ce sujet. Les murs ont des oreilles et l’on m’informe rapidement que le maire justifie à son entourage que la présence de ces curieux locataires aurait été validée par le Département (car l’établissement est sous convention avec ce dernier), il n’y aurait donc pas de débat…

Pour en avoir le cœur net, je contacte le Département qui, par courrier, réfute catégoriquement ces allégations. Il est formel :

« le Département n’a pas vocation à connaître le profil des résidents mais uniquement à connaître le nombre de personnes en situation de handicap accueillies dans ces structures.« 

Il précise néanmoins que, par dérogation, quelques appartements peuvent être loués à des personnes non âgées à condition qu’elles remplissent des conditions précises : étudiants, jeune travailleurs, handicapés… Mais cela ne correspond pas aux profils d’une bonne partie des résidents que j’ai pu identifier (il y en a peut-être eu beaucoup plus).

L’absence totale d’informations et les dénégations mensongères du maire m’interpellent.

L’un des colistiers y résidant, devenu élu alors, s’exprimait sur un groupe Facebook créé par la mairie sur lequel j’étais empêché d’entrer (c’est la vision du service public par des mafieux), il y traitait tranquillement l’opposition de « racailles » (C’est assez comique compte tenu qu’aujourd’hui, il est le colistier d’un corrompu condamnée à la prison), la ville d’Ozoir ne jugeant pas utile de supprimer le message… On a pu me le transmettre.

Plus tard, alors que je publiais un article sur ma page Facebook Arrozoir il m’interpella en commentaire au sujet de ma publication.

Je lui rappelle ses propos sur un groupe municipal à l’égard de l’opposition et, qu’en tant qu’élu, ça interroge. En réponse, alors que ça n’avait aucun rapport avec le reste de la conversation, il tint à me faire savoir que ce qu’il détestait le plus était « la délation ».

Cette phrase, totalement hors-sujet avec notre échange, m’a fait sourire. Il semble que son problème principal, en tant qu’élu résidant sans raison connue la RPA, était que certains se posent des questions sur le respect de la loi et les finances publiques… Voilà donc vos élus. Inutile de l’accabler personnellement, je pourrais écrire un livre sur bien d’entre eux.

Je demande par courrier à la mairie de la documentation sur la RPA ainsi que le règlement intérieur. Lorsqu’elle finit par me répondre (après m’avoir obligé à solliciter l’intervention de la Commission d’Accès aux Documents Administratifs [CADA]), elle ne joint pas tous les documents demandés et ceux fournis ne permettent pas de comprendre comment se passe la sélection pour obtenir un logement… que vous soyez âgé ou non…

En remontant les listes électorales plus anciennes je constate que ça dure depuis un moment et qu’il y a eu beaucoup d’étranges résidents dont j’épargne le lecteur de descriptions qui permettrait de les identifier.

Que pouvaient-ils donc payer ? Payaient-ils seulement ? A qui ? Sous quel principe ?

Je finis par trouver une décision du maire datant de 2016, présentant un barème « pour les personnes non retraitées » : 258€ / mois. Que payaient-ils avant ? Nul ne le sait ! Sachant que les retraités payaient 605€/mois pour le même service.

Ce n’est pas un EHPAD, ce sont ni plus ni moins que des appartements avec cuisine et salle de bain qui, comme son nom l’indique, sont dédiés aux personnes âgées. Il n’y a pas de service à la personne compris dans le loyer. Rien qui justifierait une différence de prix entre les résidents.

On s’étonne de ce très bas prix à Ozoir, même pour des appartements qui ne seraient pas rénovés… Particulièrement quand on sait que, chaque année, la RPA est déficitaire et que nos impôts servent à la renflouer… et donc à financer ces appartements low-cost qui existent… sans exister. La différence pour la trésorerie de la ville est de 4164€ par an… par appartement… depuis près de 10 ans.

En juillet 2020 lorsque je m’y rends, une affiche présente un tarif de 758€ pour un F1 de 30m², il n’est plus question de 605€ par mois (Je n’ai pas trouvé la décision se rapportant à ce changement). Les « non retraités » paieraient quant à eux toujours 258€ / mois. Soit 6000€ de manque à gagner pour la mairie, par appartement, par an.

Vous ne remarquez rien ? Aucune mention des appartements à prix modéré…

Vous en cherchiez un ? Dommage… vous ne faites pas partie du club, donc vous n’en entendrez jamais parler. Vous, votre club, c’est celui qui finance le service.

A titre de comparaison je louais 500€ par mois ma chambre d’étudiant de 18m² à Cergy en 2001… Alors 258€ pour 30m² à Ozoir en 2020 dans une résidence calme… c’était un sacré bon plan non ?!

M’interrogeant sur le profil des locataires (sont-ils majoritairement des employés municipaux ? Comme j’en ai l’impression…), je demande à la mairie qu’elle me communique la liste des agents. C’est mon droit.

Elle refusera de répondre et le justifiera à la CADA d’une façon étonnante :

En 2020, juste avant les élections, le maire m’avait dénoncé au procureur de la République pour des propos sortis de leur contexte, tenus des années plus tôt pour certains, me faisant passer pour un fou dangereux. Le tribunal avait conclu à un non-lieu… Je n’étais donc, ni condamné, ni déchu de mes droits civiques comme l’est désormais Jean-François ONETO.

Lors de ma convocation, l’adjoint du procureur m’avait demandé « vous faites de la politique ? », je lui avais répondu qu’effectivement j’étais sur une liste pour les élections à venir, il me répondit « j’en ai vu pour moins que ça » … Fin de l’histoire. Ma convocation au tribunal s’expliquait donc par ma présence sur une liste aux municipales. C’est donc cela qu’invoquait le maire pour me dénier mon droit à l’information… Il y a de quoi écrire un bouquin sur ces charlatans.

6 mois sont passés, nous arrivons à quelques jours de Noël et je n’ai pu obtenir AUCUNE réponse… J’ai atteint la limite de ce qu’un citoyen puisse faire seul… las des barrières qui sont mises devant moi, j’enfile mon bonnet de père Noël et j’envoie l’ensemble de mes recherches à l’Agence Française Anticorruption. Qu’ils s’en débrouillent !

Je suis rapidement recontacté au téléphone par un magistrat qui souhaite simplement échanger avec moi, j’imagine pour connaitre mes motivations… puis : silence radio.

« Étonnamment », à partir de là des délibérations ont été mises à l’ordre du jour des conseils municipaux, notamment un règlement intérieur pour la RPA. Je déduis donc qu’il n’y en avait aucun avant… et que mon insistance à l’obtenir leur a visiblement posé problème. Je me dis que mon action aura eu le mérite de faire en sorte que de l’information et des documents légalement opposables soient produits. C’est déjà ça.

Quelques mois plus tard je suis convoqué à la Police Judiciaire de Versailles, le parquet a demandé une enquête. Comme quoi… je ne suis pas le seul à qui tout ça pose question.

Quelques mois encore et j’apprends que certains locataires disent avoir été entendus par la police… D’autres auraient subitement changé de domicile, celui siégeant au conseil municipal notamment… Un hasard du calendrier dira-t-on.

Au dernier conseil municipal en septembre 2024, quelques jours avant la condamnation du maire pour corruption, il est interpellé par un élu d’opposition qui fait un sous-entendu sur la présence ancienne, l’espère-t-il du moins, de ces curieux résidents. Le maire répond qu’à la RPA, il y faisait du « social » … mais qu’il aurait « compris » … Je ne pense pas que grand monde ait compris cet échange.

Les bénéficiaires de cette œuvre de charité étaient à la discrétion du « cabinet du maire » … et, de ce que les services m’ont dit, les personnes âgées pouvant y résider aussi.

Voilà donc l’une des « œuvres sociales » du corrompu d’Ozoir… et de son entourage qui n’hésite pas à vous insulter dans des espaces publics qui vous sont illégalement interdits, à dénier vos droits, s’ils bénéficient d’un avantage indu financé par vos impôts.

Ladite œuvre sociale permettant également de garder des électeurs à Ozoir… même s’ils habitent ailleurs… grâce à d’anciens locataires étourdis et à une commission électorale au mieux aveugle, tout ceci sous la direction d’un conseil d’administration du CCAS composée majoritairement d’élus… et de leurs conjoints (écrire ceci me sidère… mais c’est la réalité).

J’ai longtemps hésité à publier cette histoire. Certains résidents (étudiants, jeunes travailleurs…) sont certainement fondés à y résider (pour peu qu’ils remplissent les conditions et soient choisis équitablement…), quant aux autres heureux locataires de ces chambres low-cost, ils n’ont fait qu’accepter ce qu’on leur proposait, sans trop se poser de questions… même si leur fonction et la rémunération qui va avec leur permettait de se loger comme n’importe quel quidam (certains étaient chef de service).

Je reviens sur le fait que j’ai eu l’étonnement de croiser beaucoup d’homonymes d’élus dans les employés que j’ai croisé : fils, conjoint, belle-fille etc… j’ai évité d’énoncer clairement les liens de filiation dans le récit. Sans présumer de leur professionnalisme – je n’ai objectivement rien à leur reprocher -, ni à m’interroger sur la façon dont ils ont été recrutés… Mais… Quand on vous présente un circuit décisionnel opaque pour l’accès à un service public qui n’inclut que des élus et leur famille… je peux vous assurer que ça interroge.

Cette proximité permettrait-elle de corriger plus rapidement des dysfonctionnements ? Jugez-en à la lecture de cet article.

Quoiqu’il en soit, pour conclure cette longue publication, trouver ENFIN de l’information sur la RPA dans un magazine municipal me fait vraiment plaisir. Avoir une telle résidence est important pour nos concitoyens. A ma connaissance, les retraités s’y sentent bien… et les non-retraités ne s’en plaignaient pas non plus.

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