Au lendemain de l’élection de 2020 en épluchant les listes électorales je m’étonne que deux jeunes colistiers du maire résident dans la Résidence des personnes âgées (RPA), qui est un service municipal.
En remontant les listes électorales plus anciennes on constate qu’il y a eu beaucoup d’étranges résidents dont je peine à comprendre la présence en ce lieu. Des noms me sont familiers, je crois qu’il s’agit d’employés municipaux, de famille d’élus… ou d’homonymes à minima… qui sont loin d’être retraités.
Je ne suis pas natif d’Ozoir, mais depuis que je m’intéresse à la ville, il y a des patronymes qui reviennent régulièrement… On finit par croire que dans cette ville il n’y a qu’une poignée de noms de famille.
Pour comprendre, je me rends à la RPA dont j’ignorais tout. J’y découvre en premier lieu les boites aux lettres des résidents où figurent leurs noms.
J’échange sur place avec un agent (qui porte le nom d’un élu). Même si ma présence semble le mettre mal à l’aise, il m’explique volontiers l’historique et le fonctionnement (officiel) de l’établissement.
Il y aurait à ce moment là 45 personnes âgées dans l’établissement…. pour 65 appartements.
D’après lui, une certain nombre d’appartements ne seraient plus conformes pour accueillir des personnes âgées et attendraient d’être mis aux normes (bac de douche non adaptés par ex.), ils serviraient « ponctuellement » et « exceptionnellement » pour des urgences (ex : pour reloger une famille dont la maison serait inondée). L’histoire de quelques jours tout au plus.
A l’entendre, les 20 logements restants seraient donc vides.
Ce qui ne correspond pas vraiment à ce que j’ai pu observer.
Sans parler de cette activité d’hôtellerie obscure, je demande s’il n’y a pas un document, un prospectus, tract… qui décrirait ce service public. Réponse : aucun. Il m’invite à aller voir en mairie.
Que pouvaient donc payer ces résidents non retraités dont on ne veut pas me parler ? Payaient-ils seulement ? A qui ? Sous quel principe ?
Je finis par trouver une décision du maire datant de 2016, présentant un barème « pour les personnes non retraitées » : 258€ / mois. Que payaient-ils avant 2016 ? Nul ne le sait ! Sachant que les retraités payaient 605€/mois pour le même service.
Ce n’est pas un EHPAD, ce sont ni plus ni moins que des appartements avec cuisine et salle de bain qui, comme son nom l’indique, sont dédiés aux personnes âgées. Il n’y a pas de service à la personne compris dans le loyer, ni de restauration. Rien qui justifierait une telle différence de prix entre les résidents.
On s’étonne de ce très bas prix à Ozoir, même pour des appartements qui ne seraient pas rénovés… Particulièrement quand on sait que, chaque année, la RPA est déficitaire et que nos impôts servent à la renflouer…
Lors de ma visite en 2020, une affiche présente un tarif de 758€ pour un F1 de 30m². Les « non retraités » paieraient quant à eux toujours 258€ / mois. Soit 6000€ de manque à gagner pour la mairie, par appartement, par an... et autant à gagner pour les heureux « élus » (au sens propre comme au figuré).
Même s’il n’y avait que 10 appartements, sur 10 ans… on arrive à 600 000€ !
Avez vous remarqué ? Il n’y aucune référence au tarif préférentiel pour les « non retraités » sur cette affiche. Ce service public, dont personne ne parle, ne semble exister que pour ses heureux bénéficiaires.
Comme on m’y a invité, je vais aller me renseigner en mairie.
L’agent qui me renseigne (parent d’un élu), n’a aucune documentation à me proposer. Après m’avoir suggéré d’aller voir sur le site internet de la ville (qui ne donnait lui non plus aucune information), il me conseille d’aller voir au CCAS.
Je vais donc au CCAS… Là-bas non plus : aucun document.
Je demande comment obtenir une chambre pour ma mère si elle en avait le besoin. Voici ce qu’il m’est répondu :
« Il faut adresser votre demande par courrier, à l’attention du cabinet du maire et ensuite ça redescendra ici [au CCAS] au responsable de la RPA » …
Le nom du responsable, employé municipal, m’interpelle puisqu’il se trouve être, là encore, le même patronyme qu’un élu.
Je me marre. J’ai du mal à croire que la présence de ma mère dans un établissement public puisse être à la seule discrétion du cabinet du maire.
Confiant dans nos institutions, je me dis que le conseil d’administration du CCAS doit veiller au bon fonctionnement de tout ça.
Mon enthousiasme a été vite douché lorsque je découvre, stupéfait, qu’il est composé, pour l’essentiel, d’élus de la majorité (dont le maire lui même) et de leurs conjoints (non ce n’est pas une blague)… ainsi que deux colistiers du maire dont l’un résidait alors sans raison apparente la RPA depuis des années. Le sketch !
Dans le même temps nous portons un recours contre les élections de 2020, parmi les choses étonnantes que nous voyons ce sont des personnes qui ont voté aux élections municipales à Ozoir, sous couvert d’habiter dans la RPA mais … qui, pour certains, habitaient d’autres villes.
La RPA servait-elle d’adresse de complaisance pour s’inscrire sur les listes électorales ? C’est ce qui m’a traversé l’esprit… Il faut dire que nous avions posé la question, sur un réseau social, à l’un des curieux résidents (selon les listes électorales) qui venait de voter aux élections municipales … Sa réponse ?
N’allons pas voir le mal partout, probablement que ces personnes ont simplement « oublié » de signaler leur déménagement et oublié, pour ceux qui résidaient désormais dans d’autres villes, qu’elles n’avaient donc aucune légitimité à voter pour leur ancien… et généreux bailleur.
Il y a bien à Ozoir comme ailleurs une commission qui a pour objectif de nettoyer les listes électorales… La nôtre est composée pour l’essentiel, d’élus de la majorité… Ses membres, qui connaissent mieux que moi les résidents… n’ont manifestement rien vu…
Lors du recours contre les élections nous évoquons ce sujet. On m’informe que le maire justifie à son entourage que la présence de ces curieux locataires aurait été validée par le Département. Je trouve surprenant que le Département (avec lequel la RPA est sous convention), valide la présence de jeunes colistiers du maire notamment… dans une résidence de personnes âgées !
Pour en avoir le cœur net, je contacte le Département qui, par courrier, réfute catégoriquement ces allégations. Il est formel :
« le Département n’a pas vocation à connaître le profil des résidents mais uniquement à connaître le nombre de personnes en situation de handicap accueillies dans ces structures.«
Il précise néanmoins que, par dérogation, 9 appartements peuvent être loués à des personnes non âgées à condition qu’elles remplissent des conditions précises : étudiants, jeune travailleurs, handicapés… Mais cela ne correspond pas aux profils d’une bonne partie des résidents que j’ai pu identifier.
L’absence totale d’informations et les dénégations mensongères du maire m’interpellent.
L’un des colistiers y résidant, devenu élu alors, s’exprimait sur un groupe Facebook créé par la mairie sur lequel j’étais empêché d’entrer (c’est la vision du service public par des mafieux), il y traitait tranquillement l’opposition de « racailles » (C’est assez comique compte tenu qu’aujourd’hui, il est le colistier d’un corrompu condamnée à la prison… On peut noter qu’à ce sujet on ne l’entend pas s’exprimer), la ville d’Ozoir, administrateur du groupe, ne jugeant pas utile de supprimer le message… On a pu me le transmettre.
Plus tard, alors que je publiais un article sur ma page Facebook Arrozoir il m’interpella en commentaire au sujet de ma publication.
Je profite donc de l’occasion pour lui rappeler ses propos. En réponse il conclut avec un mystérieux : « Je déteste la délation ».
Il semble que son problème principal, en tant qu’élu résidant étonnamment la RPA, était que certains se posent des questions sur le respect de la loi et les finances publiques…
Voilà donc vos élus.
Je demande par courrier à la mairie de la documentation sur la RPA ainsi que le règlement intérieur. Lorsqu’elle finit par me répondre (après m’avoir obligé à solliciter l’intervention de la Commission d’Accès aux Documents Administratifs [CADA]), elle ne joint pas le règlement intérieur, quant aux autre documents ils ne permettent pas de comprendre comment obtenir un logement à la RPA… que vous soyez âgé ou non…
En somme, après des mois de recherche, je n’avais toujours aucune réponse.
M’interrogeant sur le profil des locataires non retraités (sont-ils majoritairement des employés municipaux ? Comme j’en ai l’impression…), je demande à la mairie qu’elle me communique la liste des agents. C’est mon droit.
Elle refusera de répondre et le justifiera à la CADA d’une façon étonnante :
En 2020, juste avant les élections, le maire m’avait dénoncé au procureur de la République pour des propos sortis de leur contexte, tenus des années plus tôt pour certains, me faisant passer pour un fou dangereux. Le tribunal avait conclu à un non-lieu… Je n’étais donc, ni condamné, ni déchu de mes droits civiques comme l’est désormais Jean-François ONETO.
Lors de ma convocation au tribunal, l’adjoint du procureur m’avait demandé « vous faites de la politique ? », je lui avais répondu qu’effectivement j’étais sur une liste pour les élections à venir, il me répondit « j’en ai vu pour moins que ça » … Fin de l’histoire. Ma convocation au tribunal s’expliquait donc par ma présence sur une liste aux municipales. C’est donc cela qu’invoquait le maire pour m’empêcher de faire la lumière sur le fonctionnement étonnant de cette mairie.
6 mois sont passés, nous arrivons à quelques jours de Noël et, après malgré tous mes efforts, je n’ai pu obtenir AUCUNE réponse… J’ai atteint la limite de ce qu’un citoyen puisse faire seul… las des barrières qui sont mises devant moi, j’enfile mon bonnet de père Noël et j’envoie l’ensemble de mes recherches à l’Agence Française Anticorruption. Qu’ils s’en débrouillent !
Je suis rapidement recontacté au téléphone par un magistrat qui souhaite simplement échanger avec moi, j’imagine pour connaitre mes motivations… puis : silence radio.
Quelques mois plus tard je suis convoqué à la Police Judiciaire de Versailles, le parquet a demandé une enquête. Comme quoi… je ne suis pas le seul à qui tout ça pose question.
Quelques mois encore et j’apprends que certains locataires prétendraient avoir été entendus par la police… D’autres auraient subitement changé de domicile, celui siégeant au conseil municipal notamment… qui semblait y résider depuis près d’une décennie…
Au dernier conseil municipal en septembre 2024, quelques jours avant la condamnation du maire pour corruption, il est interpellé par un élu d’opposition qui fait un sous-entendu sur la présence ancienne, l’espère-t-il du moins, de ces curieux résidents. Le maire répond qu’à la RPA, il y faisait du « social » … mais qu’il aurait « compris » … Je ne pense pas que grand monde ait compris cet échange.
Les bénéficiaires de cette œuvre de charité étaient à la discrétion du « cabinet du maire » … et, de ce que les services m’ont dit, les personnes âgées pouvant y résider aussi.
Voilà donc l’une des « œuvres sociales » du corrompu d’Ozoir… et de son entourage qui n’hésite pas à vous insulter dans des espaces publics qui vous sont illégalement interdits s’ils bénéficient d’avantages indus financés par vos impôts.
Ladite œuvre sociale permettant également de garder des électeurs à Ozoir… même s’ils habitent ailleurs… grâce à d’anciens locataires étourdis et à une commission électorale au mieux aveugle, tout ceci sous la supervision d’un conseil d’administration du CCAS composée majoritairement d’élus… et de leurs conjoints (écrire ceci me sidère… mais je ne vois pas comment le formuler autrement).
Je reviens sur le fait que j’ai eu l’étonnement de croiser beaucoup d’homonymes d’élus dans les employés que j’ai croisé : fils, conjoint, belle-fille etc… j’ai évité d’énoncer clairement les liens de filiation dans le récit. Sans présumer de leur professionnalisme – je n’ai objectivement rien à leur reprocher -, ni à m’interroger sur la façon dont ils ont été recrutés… (certains étaient employés avant d’avoir un proche élu), Mais quand on vous présente un circuit décisionnel opaque pour l’accès à un service public qui n’inclut que des élus et leur famille : ça interroge.
Cette proximité permettrait-elle de corriger plus rapidement des dysfonctionnements ? Jugez-en à la lecture de cet article.
Quoiqu’il en soit, pour conclure cet interminable article, qui fut motivé par la publication du dernier Ozoir Magazine mettant en avant la RPA : trouver ENFIN de l’information sur cet établissement dans un magazine municipal me fait vraiment plaisir. Avoir une telle résidence est important pour nos concitoyens. A ma connaissance, les retraités s’y sentent bien… et les non-retraités ne s’en sont jamais plaint non plus…